Regarder la Coupe du monde de football peut nuire gravement à votre santé
jeu 04 mai, 14h37
PARIS (AFP) - Une Coupe du monde à couper le souffle? Pour certains spectateurs, l'avertissement est à prendre littéralement, soulignent des médecins, en relevant l'augmentation des chiffres de la mortalité lors des dernières confrontations entre grandes équipes mondiales de football.
Arrêts cardiaques, conduite en état d'ivresse, violences conjugales, comas éthyliques, excès de tabac et de "junk food", et même suicides: accidents de santé et conduites à risque se multiplient lors d'un tel événement, suivi par des millions de sportifs en chambre sur l'ensemble de la planète.
Lors de la Coupe du monde 1998, le nombre d'arrêts cardiaques en Grande-Bretagne avait bondi de 25% lors de l'élimination de l'Angleterre face à l'Argentine, à l'issue d'une séance de tirs au but, selon une étude publiée par la très sérieuse revue médicale British Medical Journal (BMJ).
Par rapport au même jour de l'année précédente, 55 personnes supplémentaires ont dû être traitées ce jour-là pour des accidents cardiaques, avancent les chercheurs de l'université de Birmingham qui recommandent tout de go d'éliminer l'exercice des tirs au but pour "des raisons de santé publique".
Une autre étude, menée deux ans plus tôt aux Pays-Bas, relève une surmortalité de 50% au sein de la population masculine (soit 14 décès supplémentaires par rapport à un jour normal), lors de la défaite des Néerlandais face à la France aux tirs au but en quart de finale de l'Euro 1996.
On sait depuis longtemps que les résultats des matches de football peuvent entraîner dépressions, accès de violence et pulsions suicidaires et que cette tendance de fond culmine lors des Coupes du monde.
Depuis le premier tournoi de l'après-guerre, en 1950, qui avait vu plusieurs suicides de supporteurs brésiliens après la défaite-surprise de leur équipe devant l'Uruguay qui la privait du trophée, chaque édition s'est accompagnée de son lot de suicides.
Curieusement, les risques de violence sont plus grands en cas de victoire. Vas Sivarajasingam, un chercheur de l'université de Cardiff, l'a mis en évidence en étudiant le nombre de victimes de rixes à l'issue des matches des équipes de rugby et de football du pays de Galles.
Il a relevé que lors des victoires du pays de Galles, en moyenne 33 personnes étaient admises à l'hôpital à la suite de bagarres. En cas de défaite, la proportion tombait à 25. L'écart était inchangé en fonction que l'équipe joue à domicile ou en déplacement.
Une victoire peut donner de la confiance et renforcer le chauvinisme, un mauvais mélange lorsque cela s'accompagne de libations prononcées. "Le fait de gagner s'accompagne souvent de l'ingurgitation d'alcool, ce qui est un facteur bien connu d'augmentation du risque de violences", souligne M. Sivarajasingam.
Même pour les plus sages qui se contenteraient de suivre le match à la télévision, un régime à base de snacks et de pizzas surgelées n'est pas sans risques. Lors de la dernière Coupe du monde, le vice-ministre thaïlandais de la Santé avait vaillamment plaidé auprès de ses concitoyens de ne boire que de l'eau et des tisanes et de renoncer à la bière, aux saucisses et aux chips, qui favorisent l'hypertension artérielle.