article journal
On voulait une finale de rêve, on a eu mieux: une finale Dewaere. Quand le sport rejoint le septième art, on touche au sublime. "Coup de Tête", nous sommes nombreux à avoir été bercés par ce chef d'œuvre, le film référence pour des milliers de petits Français. Pour tous ceux qui n'avaient que deux idoles, comme moi, Pelé et Patrick Dewaere, et bien désormais nous avons la compression des deux, la fusion des dieux! Patrick Edson Arantes Dewaero Nascimento Zidane, dit Zizou!
Sacrifice
À dix minutes de la fin de cette finale France-Italie du 9 juillet 2006, alors que nous sommes à égalité (un partout dans la seconde partie des prolongations), ce coup de tête rageur est un sacrifice, une anticipation remarquable de la défaite… En effet, quelques minutes auparavant, le scénario du Roi Zidane qui pulvérise la balle dans la cage de son Buffon de gardien n'a pas été retenu par les autorités supérieures et nuageuses qui gèrent la destinée du football. Le signe est facilement décryptable: la France ne gagnera pas.
Pour son dernier match, Zidane ne pouvait perdre béatement la tête haute, récolter sa petite médaille de perdant et nous laisser triste pour l'éternité. Non, il nous a vengé par avance, par extrapolation, de Materazzi. On n’insulte pas la famille, ni la France. Ce coup du Bélier est magnifique de pureté et de spontanéité dans le thorax transalpin. En plus, ce geste a un côté comique dans la dramaturgie, qui n’est pas sans rappeler la signature des plus beaux films d'Almodovar ou les plus belles unes du journal Marca.
Il faut quand même rappeler que depuis deux ans, toute phrase énoncée à l'égard de Zizou en sa présence est élogieuse, obséquieuse, pieuse, laudative, et surtout elle ne provient que d'éminentes personnalités religieuses, politiques, footballistiques, artistiques... Alors c'est vrai, entendre sa sœur se faire traiter de fille de mauvaise vie par un joueur de série C au nom provocateur de Materazzi – sorte de croisement entre une voiture de sport et de la mozzarella –, cela peut vexer ou tout au moins surprendre.
Détourner les balles
Le monde entier s’interroge sur la signification de ce geste? Très simple, comment ne pas voir la marque d’un don de soi: c’est ce qu’on appelle, dans le sport de haut niveau, une manœuvre de diversion. La preuve: depuis, les Français sont dans l'incompréhension totale, sentiment bien moins douloureux que la sous France, la tristesse ou la lose.
Preuve en est, très peu de Français ont pleuré, personne n'en veut à Trezeguet, et même la joie vengeresse et démonstrative italienne est passée au second plan. La tête de Zizou focalise toutes les attentions d’après Mondial, ce qui est un exploit sans précédent. Il ne reste plus qu’à se mobiliser pour la suspension à vie de Materazzi pour agression verbale caractérisée et nous serons bientôt qualifiés de vice champions du monde derrière les champions du monde du vice!
Enfin la dernière consolation, et non la moindre, c’est de voir comment les publicitaires vont se gratter le bulbe zidanien pour nous vendre du numéro 10 à toutes les sauces, en symbole du bon, de la maîtrise de soi, du calme et de la réflexion. Aujourd’hui nous sommes peut-être moins nombreux, ce qui rend la situation meilleure, à idolâtrer Zizou avec ce geste dit vain, ce geste sans gain! Pleure pas Zizou, et merci pour tout!
Sinon voila pour les idées des tabloids anglais:
'All Muslims are terrorist b******s' (Daily Mirror); 'We all know you are the son of a terrorist whore' (Daily Mail, Sun and Daily Star) ... or, somewhat more benignly, 'I'd rather take the shirt off your wife' (Daily Express).