Les buts, cette denrée rare (léquipe.fr)
Considéré depuis peu comme défensif et peu spectaculaire, le Championnat de France n'a, cette saison, pas fui à sa réputation, malgré une dernière journée exceptionnelle avec 38 buts. Les bilans comptables sont implacables : la France possède le Championnat où les spectateurs voient le moins de buts. Par rapport à ses voisins, ce nouvel exercice s'avère, en terme de buts inscrits en une saison, le plus défensif. Alors que la L1 tourne à une moyenne de 2,39 buts par match, l'Allemagne fait trembler les filets 2,81 fois. La Bundesliga arrive en tête devant la Serie A (2,60), l'Angleterre (2,48) et l'Espagne (2,43). (NB: l espagne, pourtant si bien reputée n est vraiment pas loin de nous quand meme!!!)
Cette tendance ne date pas d'aujourd'hui. Depuis le début du nouveau millénaire, la moyenne de buts marqués en L1 par saison a sévèrement chuté. Lors des saisons 1999-2000 et 2000-2001, avec seulement 18 clubs, la L1 tournait avec une moyenne très respectable de 2,57 et 2,51 buts par match. La dégringolade a eu lieu à partir de la saison 2001-2002 avec 2,10 pour remonter à 2,32 en 2003-2004 puis redescendre la saison passée à 2,16.
Plombé par 16 journées avec moins de 20 buts - soit presque une journée sur deux -, le bilan 2005-2006 aurait pu être encore plus inquiétant si les buteurs ne s'étaient pas réveillés dans le dernier sprint. La moyenne est remontée en flèche grâce aux 29, 33, 30 et 38 buts inscrits entre la 35e et 38e journée. Assez paradoxalement, ce sont les équipes concernées par l'Europe qui ont fait feu et joué le jeu. Lille (3-2 contre Bordeaux, 4-0 contre Lyon), Marseille (6-0 contre Nancy), Lens (4-2 contre Lille, 3-1 contre Nantes) et Auxerre (3-1 à Nancy, 4-0 contre Strasbourg) ont lâché les chevaux et exposé avec succès une vision plus offensive de leur jeu. Bien que certains entraîneurs s'en défendent, le système de jeu de la plupart des clubs de L1 repose sur un système ultra défensif. Il s'agit de défendre avant d'attaquer, comme c'est le cas avec succès à Bordeaux et à Lille, deux experts. Chaque fin de saison voit aussi l'exode des meilleurs attaquants : Cissé, Drogba, pour ne citer qu'eux, font le bonheur de clubs étrangers, tout comme les internationaux Henry, Trezeguet, Saha et Anelka. Les clubs français paient leur manque de moyens pour garder leurs meilleurs joueurs et attirer les grands noms.
Lyon, malgré son tempérament offensif, n'est pas le champion européen le plus prolifique. Sans surprise, le Barça d'Eto'o et Ronaldinho, avec pour l'instant 77 buts (il lui reste un match à disputer), est loin devant (2,08 buts par match) le Bayern Munich (1,97). Mais les Rhodaniens (1,92) ne devancent Chelsea (1,89) et la Juventus Turin (1,86) que grâce à leur carton contre Le Mans (8-1) lors de la dernière journée. Les deux équipes les plus offensives d'Europe demeurent le Werder Brême et l'AC Milan. Pour combattre la sinistrose, la Ligue a demandé à Michel Hidalgo de se pencher sur la question. Parmi les propositions de l'ancien sélectionneur, certaines, sans faire l'unanimité, ont retenu l'attention. Donner un bonus aux larges succès pourrait par exemple favoriser les équipes préférant le jeu vers l'avant. Une solution qui ne règlera jamais le déficit de talents. - D. Mi.
L'OEIL D'ANGEL MARCOS : « Dire qu'il y a peu de buts dans le Championnat parce que les attaquants sont partis et parce que la France possède les meilleurs gardiens du monde, comme on l'entend souvent, c'est affligeant. Que dire du Championnat allemand, très prolifique alors que le niveau moyen est catastrophique ? C'est simplement une question d'état d'esprit. Jouer pour ne pas perdre, c'est très différent de jouer pour gagner. Il suffit de regarder le placement de la plupart des équipes de L1 sur une touche. Dans une position très sécurisée, puisque l'équipe a le ballon dans la main, les joueurs sont déjà placés de façon défensive au cas où ils le perdraient ! Et quand une équipe prend un but, le mot d'ordre tacite est de ne pas en prendre un deuxième. La participation collective au jeu est insuffisante en L1. Toutes les équipes sont bâties selon cette crainte : "si on perd ballon, nous serons en difficulté". Les contres sont joués à deux ou trois maximum, sauf quand il n'y a plus le choix, c'est-à-dire dans les dix dernières minutes ou... lors des dernières journées, comme on l'a vu récemment. A croire que depuis quelques semaines, les attaquants sont devenus très bons et les gardiens mauvais... »